Ma galerie d'art dans un village français
- Marie

- 31 août
- 3 min de lecture
Ma galerie d'art dans un village français / par Marie

Je peux maintenant ajouter un nouveau titre à mon CV : « Blogueur ». Simple et efficace. On comprend immédiatement ce que fait la personne. Dans mon « ancienne » vie professionnelle, on s'attendait à ce qu'un titre soit long comme un lundi après-midi. C'est comme ça qu'on savait que quelqu'un était important et significatif. Mais on pouvait rarement, voire jamais, deviner ce qu'il faisait juste à partir du titre : « Responsable de quelque chose qui semble très important, mais totalement incompréhensible. » Eh bien, j'aime bien « Blogueur ». C'est mon nouveau truc. Parmi tant d'autres.
Et me voilà. En France. Le pays où les croissants sont moelleux, où le fromage sent le vestiaire de hockey et où le système administratif est un véritable escape game, mais sans solution. Il y a trois ans, l'idée de faire ce que je fais aujourd'hui n'existait même pas. Pas une seule pensée. Soudain, je suis propriétaire d'une maison en France, dans le Languedoc. J'y vis en permanence. Je codirige une galerie d'art, la Galerie Causses , avec Nette, qui crée également au Studio Causses .
Est-ce que je crée aussi des choses ? Oui… un peu. Mais certainement pas au niveau de Nette. Je n'y arriverai jamais, bien sûr, mais c'est amusant d'apprendre de nouvelles choses. Et OH MON DIEU, j'apprends…
J'apprends beaucoup, pas seulement sur l'art et les meubles anciens. Le français, par exemple. Comme j'habite ici, j'ai évidemment besoin de me faire comprendre, au moins un peu. Comme quand on vient à notre atelier ou à la galerie, ou quand je dois aller chez le dentiste, parler au boucher, appeler le fisc, remplir des formulaires, ou simplement dire quelque chose d'à peu près intelligent au voisin.
Je croyais parler un peu français. J'ai étudié la langue par intermittence pendant des années. Certes, c'était il y a longtemps (j'en ai lu beaucoup). Mais voilà que je me retrouve à la pharmacie à essayer de demander un spray nasal… et je demande par inadvertance un spray pour… le nez poudré ?
Et puis il y a la bureaucratie française. Là aussi, il faut apprendre à naviguer.
S'intégrer au système français, c'est comme assister à une fête où tout le monde parle en code et où personne ne vous dit où sont les toilettes. On hésite longtemps avant de commencer à déchiffrer le code. Et il faut apprendre qu'il faut aller à la mairie pour presque tout, pour finalement se faire dire qu'il faut aller à la préfecture , qui vous envoie à l'URSSAF , qui vous demande un numéro SIRET , ce qui exige d'abord… enfin, vous voyez l'idée. Et il faut apporter une copie de son passeport, un justificatif de domicile, une facture d'électricité à votre nom, un certificat de vie, plus treize autres documents confirmant que vous êtes marié, remarié, veuf et, de préférence, pourquoi . J'exagère. Mais juste un peu .
Je commence à soupçonner que l'économie française est entièrement soutenue par la vente de chemises, de pochettes plastiques et de timbres officiels.
C'est drôle comme on s'adapte vite, comme on se fond naturellement dans ce qui est maintenant mon quotidien français. Comme tout son monde tourne autour de ce qui se passe dans ce petit village d'un peu plus de 600 habitants. On a l'impression d'être dans un petit monde au milieu d'un grand monde. On achète sa baguette du matin à la boulangerie, on discute un peu avec les voisins, on va au marché pour acheter des légumes, des fruits, du fromage et bien d'autres choses encore. Et il y a tellement de marchés qu'on apprend toujours quel jour ils ont lieu dans quel village.
Et soudain, avec la joie d'un enfant, on réalise qu'on en fait partie. Je me suis en quelque sorte glissé dans le quotidien français.
Il y a tellement de choses à écrire. Il suffit d'aller à l'épicerie du coin pour avoir de quoi écrire un chapitre entier. Comme la fois où j'ai essayé de peser mes légumes, j'ai oublié d'appuyer sur le bouton d'impression du poids et je me suis fait gronder par une vieille dame de 92 ans qui agitait le doigt en criant avec passion « Non, non, NON ! »
Ou quand je passais la majeure partie de la matinée chez le boucher à essayer d'expliquer quelle partie d'agneau je voulais pour Pâques.
Il y a tellement de petites histoires ridicules et charmantes. Mais oh, on s'amuse tellement !
/ Marie



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